France : L'ACT réclame l'interdiction immédiate des puffs
Arrivée sur le marché français en 2021, la puff, une cigarette électronique jetable, connaît un succès grandissant auprès des collégiens et des lycéens. Avec son nom attractif, son packaging coloré et amusant et ses saveurs fruitées et sucrées, elle ne s'adresse pas qu'au vapoteur débutant qui cherche un moyen de sevrage tabagique simple mais aussi aux jeunes, non-fumeurs, qui n’ont aucune raison de passer à la vape si ce n’est pour épater la galerie. Et c’est bien là le problème.
Une étude alarmante
Dans un communiqué de presse datant du 25 octobre dernier, l'Alliance Contre le Tabac (ACT), une fédération regroupant 24 associations spécialisées dans la lutte contre le tabagisme, demande au gouvernement français d'interdire les puffs.
Cette décision a été prise à la suite d'une enquête réalisée par l’institut de sondage BVA sur internet du 4 au 20 juillet 2022 auprès d'un échantillon national représentatif de 400 adolescents âgés de 13 à 16 ans. Et il est vrai que les données recueillies sont alarmantes tant pour la santé des jeunes que pour le marché de la vape qui se passerait bien d'une telle publicité.
- 2/3 des adolescents âgés de 13 à 16 ans ont déjà entendu parler de la Puff et plus d’1/3 affirme savoir précisément de quoi il s’agit
- 81% considèrent les puffs comme un gadget
- 61% affirment que la puff permet de découvrir des goûts originaux
- 52% lui trouvent un côté ludique
- 9% indiquent avoir déjà acheté une puff (près de 1 sur 10), 7% une cigarette électronique et 6% des cigarettes.
- 25% estiment qu’il est aisé de s’en procurer
- 13 % ont déjà utilisé la Puff, soit la même proportion de jeunes ayant déjà fumé une cigarette classique ou électronique
- 28 % ont commencé leur initiation à la nicotine à travers ce produit et 17 % se sont ensuite tournés vers une autre forme de produit de la nicotine ou du tabac
- 82% affirment que la puff peut les rendre accros
Les puffs incriminées
Ces cigarettes électroniques jetables sont remplies avec des e-liquides au sel de nicotine. Les sels de nicotine agissent sur le cerveau comme la nicotine d'une cigarette traditionnelle. C'est un excellent outil de sevrage tabagique et non un divertissement. De nombreux fumeurs ont arrêté la cigarette grâce à ces liquides et aux cigarettes électroniques.
Bien que la vente de ces produits soit interdite aux mineurs, ils n'ont visiblement aucun mal à s'en procurer. Il en sera toujours ainsi, ce qui est interdit attire les jeunes. Là où nous pouvions acheter des cigarettes avec une facilité déconcertante, les jeunes d'aujourd'hui se tournent vers les puffs. La seule différence est que le tabac était vendu dans les bureaux de tabac alors que les puffs sont distribuées un peu partout comme dans des magasins de bazar ou des stations-service. Impossible dans ce cas de contrôler la distribution.
Un phénomène de mode
C'est au sein même des établissements scolaires ou à la sortie des cours que les jeunes utilisent leur puff. Davantage que dans les soirées entre amis ou les sorties en ville, preuve qu'il ne s'agit pas d'une addiction mais plutôt d'un phénomène social, d’une mode comme le fût la cigarette en son temps.
Plus on est exposé tôt à la nicotine, plus on risque de développer une réelle dépendance et de vouloir passer à la cigarette.
Haut Conseil de la santé publique - 26 novembre 2021
Les buralistes se positionnent comme la solution en voulant récupérer l'exclusivité de ce marché juteux alors qu'ils ont démontré leur incapacité à encadrer la vente des produits interdits aux mineurs. N'oublions pas que si la vape a tant de succès depuis 10 ans, c'est que pendant des années ils ont fermé les yeux et créé plusieurs générations de fumeurs accros dès le plus jeune âge. Mais ne leur jetons pas la pierre, pas sûr que ce soit mieux dans les vape shops.
Une aberration écologique
Poursuivant ses critiques, l’ACT dénonce aussi « une aberration environnementale encore sous-évaluée ». Composée de plastique et d’une batterie non amovible au lithium, la Puff est un déchet supplémentaire qui vient s’ajouter aux 4 500 milliards de mégots jetés chaque année dans la nature.
Et sur ce point ils n'ont pas tort. La grande majorité des puff finit à la poubelle alors qu'elles devraient être déposées en déchetterie pour être recyclés au moins en partie. Abandonnées dans la nature, elles se décomposent et libèrent des micro-plastiques qui polluent les cours d'eau et tue la faune et la flore. Pour l'instant, à part quelques rares points de collecte, cet aspect ne semble pas affecter les fabricants et ceux qui les distribuent.
Les puffs non, la vape oui !
Nous demandons au gouvernement de prendre exemple sur les législations les plus restrictives sur la cigarette électronique jetable, comme la Nouvelle Calédonie qui en a banni l’importation sur son territoire. L’interdiction de la vente des cigarettes électroniques jetables en France est la bonne décision à prendre si nous ne souhaitons pas voir s’accélérer cette épidémie pédiatrique de l’addiction à la nicotine.
COMMUNIQUE DE PRESSE ACT du 25 octobre 2022
L’ACT ne vise pas le marché de la vape dans son ensemble mais simplement les puffs, cette cigarette électronique jetable, qui est, reconnaissons-le, un fléau pour tout le monde. Le marché est aujourd'hui très bien fourni en cigarettes électroniques, des systèmes ouverts qu'on peut remplir d’e-liquide, recharger et conserver longtemps.
Les cigarettes électroniques sont 95% moins dangereuses que le tabac selon le Public Health of England et restent un excellent moyen de sevrage tabagique.
Affaire à suivre, l'État n’ayant pour le moment pas apporté de réponse à la requête de l'Alliance contre le tabac.